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Pérou 2008-2013 Voyages… Bernard Bettens EP2

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Pérou 2008-2013 Voyages… Bernard Bettens EP2

Message non lupar dendro59 » Lun 25 Nov 2013, 07:44

EPISODE 2

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Nous retournerons trois ans plus tard, soit en 2011, à ce même Puerto Inca qui n’a pas changé. Nous sommes toujours à la recherche du sirensis rouge et vert, mais cette fois mes chums ont décidé de descendre le rio Patichea jusqu’à Puerto Sira.
Nous arrivons donc à Puerto Inca en camionnette. Il faut d’abord traverser le Pachitea en pirogue parce que le village bizarrement est installé sur l’autre rive! Je suis toujours impressionné par la manière dont Manuel réussit à arranger les choses en un tour de main. En effet, cinq minutes après notre arrivée, il a déjà dégoté une pirogue qui va descendre notre groupe d’une dizaine de personnes ainsi que nos bagages jusqu’à ce fameux Puerto Sira qu’à vrai dire, pour le moment, à peu près personne ne connaît.

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La descente de la rivière est superbe, l’eau est belle, les rives bien que cultivées par endroits sont encore relativement sauvages. Une surprise nous attend, nous avons navigué quelques rivières péruviennes mais jamais nous n’avions vu cela. Il y a sur la rivière des maisons flottantes qui au moyen d’une puissante pompe et d’un énorme tube aspirent les gros galets du fond de l’eau.

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Ces galets passent dans un bac pour décanter le sable qui les accompagne afin d’en extraire l’or. Les galets retournent à la rivière sous forme de cascade en faisant grand bruit.

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Je veux jouer mon touriste et photographier tout cela de plus près. Le conducteur de notre pirogue m’explique gentiment que ce n’est pas tout à fait une bonne idée et qu’il vaut mieux rester à distance, même de jour. Il paraît que la nuit les orpailleurs tirent sans somation sur tout ce qui approche…

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Je suis impressionné par le nombre élevé de ces installations qui sont sur le plan technologique somme toute assez évoluées.

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La descente dure deux heures qui passent trop vite à mon goût. Le batelier nous dépose au « débarcadère » du village. Il faut monter une longue pente raide faite de boue authentique, deux pas en avant, un et demi en arrière, pour arriver enfin sur une esplanade gazonnée. À partir de ce moment-là, nous allons aller de surprise en surprise.
Une sorte d’olibrius nous attend au centre de l’esplanade. Il a des longs cheveux noirs qui lui descendent jusqu’aux reins, une superbe barbe fleurie, une chemise un peu bouffante comme on en voyait sur les portraits que l’on faisait de Jésus-Christ dans mon enfance. Avec le sérieux d’un pape il nous explique que nous sommes à Puerto Sira, communauté fondée en 1975 par Don « je ne me souviens plus qui », chef spirituel et qu’ici tout le monde est frère et sœur. À partir de maintenant, c’est la fin de tous nos tracas, pour quelque problème que ce soit, nous n’aurons qu’à nous adresser à n’importe quel « hermano » du village.
Nous apprendrons que Don? le chef spirituel est mort il y a cinq ans. Que l’on a attendu cinq jours dans l’espoir de le voir ressusciter et que devant l’odeur, on l’a finalement mis en terre, mais qu’il va revenir un jour. Nous passons le reste de la journée à nous installer et à subir l’embrigadement des différents hermanos qui se succèdent tour à tour pour nous remettre dans le droit chemin! Le village fonctionne selon la loi des dix commandements de Moïse, le divorce n’existe pas, quant à l’adultère… : foutu village! Les femmes ont toutes un voile qui leur cache le derrière de la tête comme en avaient les infirmières de la guerre de 14. Je n’ose pas trop les regarder, elles non plus, quelle misère!

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Mais il y a des bons côtés, on installe les tentes et les hamacs sur la place, tout le matériel va traîner deux jours, même quand nous serons dans la montagne, pas de problème, le vol lui non plus n’existe pas. Les hermanos sont sympas. Ce serait le paradis s’ils nous fichaient un peu la paix avec leur religion si spéciale. Ils sont persuadés qu’un jour l’Europe entière viendra leur rendre visite et s’abreuvera à leur sagesse… Comme toujours, on bouffe du riz! Et on dort comme des loirs. Au réveil, tout est trempé, je n’ai jamais vu une telle rosée, une vraie pluie, même à l’intérieur de la tente; il faut dire que la rivière est toute proche.
Le lendemain on part à la recherche du sirensis. On marche, après deux heures, on arrive devant d’importants bâtiments sur pilotis complètement vermoulus, totalement vides. C’est le chef spirituel qui les a fait construire pour le jour où viendront les étrangers…
On marche, on marche, toutes les heures un nouvel hermano nous prend en charge. La communauté a dû travailler sans relâche parce que tout est déboisé, après six heures on n’est pas encore arrivés à la forêt primaire.

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Enfin en lisière, nous rencontrons un jeune hermano, cheveux courts, casquette de base-ball, pas de barbe, un franc tireur quoi! Il nous conduit sur les sentiers jusqu’à un torrent. Hélas, pas de ranis, encore moins de sirensis, par contre des mousses, de superbes orchidées …

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Encore une fois, c’est foutu!
En revenant, on se prend d’amitié, le jeune hermano déviant et moi. Tous les cent mètres, il s’arrête et avec sa machette, il extrait du sol de petits rizomes gris, le Viagra de son grand-père qui a paraît-il honoré la grand mère jusqu’à quatre ving-six ans. Heille, ola hermano mio, c’est pas parce que j’ai des cheveux blancs que…
On se laisse à la lisière de la forêt, les voyages parfois sont durs, particulièrement quand il faut se quitter…Entre temps Jason a réussi à trouver un aameraga qu’il ne connaît pas et qui s’avèrera effectivement inconnu.

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Le retour jusqu’au village est long, difficile. Le soir, devinez : et bien, on rebouffe du riz. Chacun reçoit un petit livret orange avec les préceptes de la communauté. Mais Mark et Jason décident de repartir dès le lendemain. Moi, je resterais bien trois quatre jours de plus, j’ai l’impression de revenir trente ans en arrière et de vivre dans un vieux « Paris Match ».

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Mais Jason Brown fatigue d’impatience, ce qui l’intéresse lui, c’est d’aller à la recherche du planopilae, une bestiole qui, paraît-il n’a été vue et photographiée qu’une seule fois par deux biologistes péruviens.
La remontée du rio Pachitea est aussi belle que la descente, d’autant plus que le motoriste pour éviter le courant rase les bords ce qui nous permet de voir les orpailleurs démunis, les fauchés, ceux qui n’ont pas eu les moyens de se payer une installation de pompage.

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Ils s’installent sur les bords ou sur une île, sortes de Crusoë modernes et pelletent les gros galets à la main pour les déverser sur tout un bricolage de grillages inclinés.

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De Puerto Inca, nous gagnons Puerto Bermudez en camionnette. L’hôtel est pour une fois frais et agréable. La réceptionniste qui doit avoir dans les dix-huit, vingt ans est, elle aussi, fraîche et agréable. Et comme j’ai encore dans la poche arrière de mon sac à dos les petites racines à ce qu’il paraît miraculeuses de la Sira… Et bien non. détrompez-vous, j’ai aussi dans la poche de mon jean le fameux petit livre orange et je suis à la lettre les dix commandements de Moïse! Ah, sinon, quien sabe?…


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