Acyrthosiphon pisumAcyrthosiphon pisum, connu aussi sous le nom de puceron du pois, est une espèce d'insecte appartenant à la famille Aphididae de l'ordre Hemiptera. Comme son nom l'indique, le puceron du pois a pour plante-hôte le pois (Pisum sativum); il s'en prend également à d'autres plantes de la famille des Fabaceae, comme le trèfle, la luzerne ou le haricot.
MorphologieL'adulte se présente comme un puceron d'environ 4 millimètres, normalement de couleur verte, mais pouvant aussi tirer sur le rouge ou le rose, si l'individu produit beaucoup de caroténoïdes. Il porte deux cornicules, typiques des pucerons, vers l'extrémité de l'abdomen, qui se termine par une cauda surplombant les ouvertures rectales.
L'animal est typiquement aptère, mais une forme ailée existe; celle-ci est caractéristique de colonies très denses qui cherchent à s'étendre vers des plants moins encombrés.
ImmaturesLes immatures, comme chez la plupart des hémimétaboles, se présentent comme une copie miniature des adultes, avec quelques détails anatomiques en moins. Ainsi, par exemple, les ailes des individus du morphe ailé (alate) n'apparaissent que chez l'adulte, se présentant comme des bourgeons sur les juvéniles du 3e et 4 stade. De même, la cauda ne survient qu'à la fin du développement. La longueur des cornicules varie également selon le stade larvaire, étant plus longue, comparativement au reste du corps, chez l'adulte que chez les stades immatures.
Dimorphisme sexuelLes mâles Acyrthosiphon. pisum, se présentent comme étant un peu plus courts que les femelles et moins dodus.
Cycle vitalLe cycle de l'animal débute au printemps lorsque des oeufs fertilisés l'automne précédent, qui ont passé l'hiver en diapause, éclosent. Les larves passent par quatre stades avant de devenir des adultes d'une longueur d'environ 4 millimètres - elles muent donc un total de quatre fois. Les adultes résultants sont tous de sexe féminin, et se reproduisent continuellement par parthénogénèse, c'est-à-dire sans avoir été préalablement fécondées. En fait, chaque puceron adulte porte en son sein nombreux embryons en développement, lesquels comptent également des embryons en développement. Ce phénomène permet un taux de reproduction élevé (à condition que les températures soient clémentes) et un développement très rapide, ouvrant toute grande la porte à une colonisation rapide des plantes-hôte.
Il faut grosso modo une semaine à un puceron nouveau-né pour devenir un adulte, et son espérance de vie est d'une trentaine de jours, au cours desquels il pondra, si les conditions sont suffisamment bonnes, près d'une centaine de larves, qui, phénomène rare dans le monde des insectes, naissent de façon ovovivipare - les petits sont pondus sous forme de larve et non d'oeuf. L'efficacité reproductive du puceron lui permet, si les prédateurs ne sont pas trop nombreux, d'atteindre de fortes densités au sein de leurs colonies; avec la hausse de la densité vient une hausse de l'occurance des morphes alates (ailés), lesquels facilitent la dispersion de l'espèce vers des plantes inexploitées. Le pic de densité est observé en début d'été, après quoi le parasitisme et la prédation causent de nombreuses pertes dans les colonies.
Avec l'arrivée de l'automne, la situation change. Sensibles à la photopériode, les pucerons réagissent en donnant naissance à des individus sexués, lesquels se reproduiront et donneront naissance à des oeufs qui passeront l'hiver pour recommencer le cycle l'année suivante. Contrairement à beaucoup d'autres espèces de pucerons, A. pisum n'a pas nécessairement besoin de changer d'hôte au cours de son cycle vital.
Photos : Acyrthosiphon pisum femelles donnant naissance à des petits pucerons du pois par parthénogenèse
AlimentationAcyrthosiphon pisum se nourrit de la sève de certaines Fabaceae , soit le pois (Pisum sativum) ou, à défaut, le trèfle, la luzerne ou le haricot. Il se nourrit en insérant son rostre dans les tissus végétaux et en aspirant tout simplement les liquides.
Par la suite, il ne se déplacera plus guère, et pompera la sève nutritive en continu.
Sous-espècesDiverses évidences génétiques tendent à indiquer que ce qui est désigné sous le nom de A. pisum est beaucoup plus un complexe spécifique qu'une simple espèce. Déjà, comme plusieurs autres pucerons, il existe un morphe ailé et un morphe aptère, le premier étant un signe de colonies trop denses - des larves développent le morphe ailé pour s'envoler vers de nouvelles plantes libres de pucerons à coloniser. Il existe des femelles ne se reproduisant que par parthénogénèse et d'autres par voies sexuées. Il existe également des morphes de couleur. Le vert est le plus commun dans la nature[2]; il existe néanmoins des variations héritables dans la teinte du vert, et des morphes qui tendent vers le rouge à cause de la production de caroténoïdes. En outre, selon la plante-hôte de l'insecte, on voit apparaître une spécialisation de l'insecte à cette plante au fil des générations, menant à des morphes additionnels. Cette capacité à générer tant de phénotypes à partir d'un seul génome se nomme le polyphénisme. Ainsi donc, sans pour autant avoir de sous-espèces reconnues, A. pisum montre néanmoins beaucoup de "races".
Il n'est pas non plus exclus que Acyrthosiphon pisum soit en fait une espèce cryptique.